C'était fin mai 2010... Je venais de me remettre à la drague et, après un match de rugby auquel j'avais assisté à Jean-Bouin, je décidai de profiter de la légendaire ambiance bon enfant qui règne à l'issue de ce type d'évènement sportif pour combattre ma timidité et aborder des gens. Le plus de gens possible, qui que ce soit, juste pour "opener"... Je faussai donc compagnie au groupe de clients (bien lourds en plus, comme souvent...) qui avaient été invités par notre fournisseur commun et je fis le tour du stade... Je réussis à peine à parler à 3 ou 4 groupes, des mecs bourrés, des perdants éplorés avec lesquels je tentai de me faire passer pour un des leurs sans trop de conviction (pourtant, j'avais pris l'accent du Sud-Ouest !), bref, rien de bien concluant... Surtout que j'étais freiné par une appréhension irraisonnée et par un besoin d'échafauder des scénarios tordus et sophistiqués pour me lancer. Bref, je me disais à ce moment là que j'étais bien loin de devenir un bon dragueur...
La mort dans l'âme, je résolus de me rendre au cocktail offert par mon hôte et ainsi retrouver les quelques boulets qui m'avaient servis de voisins durant le match... Arrivé sur place, plus de trace de la moindre personne que je connaisse, et une assemblée de 45 ans en moyenne à 90 % masculine... Les desserts étaient déjà servis et c'est alors que je remarquai une serveuse devant un stand désert qui avait l'air de s'ennuyer sérieusement : elle proposait des espèces de crevettes grillés avec une sauce ayant l'air bien épicée... Je passais une première fois à sa hauteur et lui adressait la parole en lui disant qu'elle ne risquait pas vraiment d'avoir beaucoup de succès avec ses crevettes étant donné que tout le monde, moi le premier, mangions déjà du sucré... Elle sourit et je repartis comme j'étais venu, m'installer devant un stand de fruits frais en la regardant de temps en temps du coin de l'œil.
Une fois rassasié, et devant le peu de potentiel de la soirée, je me dirigeai vers la sortie. En passant devant le fameux stand de crevettes, je fis constater à notre serveuse que son ennui n'était pas près de s'atténuer, elle se défendit mollement en me disant qu'elle avait servi quelques plats. Je discutai donc un petit peu avec elle, lui demandant quelques banalités sur son employeur, son statut, son habitude de ce genre d'extras... C'était une jolie black d'environ 1m70, la trentaine, fine, des cheveux crépus rangés sagement en chignon, des yeux très rieurs, des mains fines et surtout une bouche très pulpeuse laissant souvent apparaître un sourire d'une blancheur éclatante... Après deux ou trois minutes de discussion durant lesquelles elle paraissait à la fois méfiante et aimable, je lui demandai simplement son numéro avec ces mots : "je dois y aller, mais ça serait sympa de se revoir et de faire connaissance autour d'un verre... Je vous appellerai un de ces jours". Vu le regard amusé et flatté qu'elle m'a lancé à ce moment-là, je peux vous assurer qu'il ne flottait pas dans sa tête l'ombre d'un doute sur mes intentions... Elle répondit avec un Bitch Shield : "non, désolée, je ne le donne jamais...", je repris du tac au tac : "de toute façon, je n'ai rien pour le noter, il y a donc peu de chance que je m'en souvienne vous savez, vous ne risquez pas grand-chose..."... Elle rit, puis eu un geste qui me sembla étrange sur le moment mais qu'elle m'expliquera plus tard : elle jeta un regard sur mes mains, mon alliance, puis se décida et me confia son numéro. Je lui fis répéter, lui demandai son prénom puis m'éclipsai en me répétant un bon moyen mnémotechnique (les départements, c'est pratique de tous les connaître parfois...) avant de récupérer mes affaires et de noter plus tard : Honorine, 06XXXXXXXX...
Ce qu'elle m'avouera plus tard à propos de mes mains, c'est que c'est bien durant ce bref examen de passage qu'elle s'était décidé à me donner son vrai numéro de téléphone (sinon elle a l'habitude de donner celui de son mari !) : elle a vu que j'étais marié, un bon gage de discrétion ("et donc je me suis dit que tu ne me harcèlerais pas ou que tu ne tomberais pas amoureux de moi") et elle a aussi une théorie toute personnelle qui veut que la forme des doigts et celle de la verge soient les mêmes, si bien que j'ai marqué des points avec mes doigts plutôt longs et "pas rabougris, je me suis dit que tu devais avoir une belle queue" me dira-t-elle par la suite...
Comme quoi, le fait de se dire que, comme nous, elles ne pensent qu'à faire l'amour et que le fait que nous les mettions sur un piédestal est une belle connerie sont bien deux fondements de la drague qui se justifient pleinement !
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